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~ Sainte Agnès ~

Hagiographie ou autobiographie ?


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D'aucuns se posent des questions à mon sujet.

Qui est Agnès dans la réalité? Est-elle une femme ou un homme? ( si, si on m'a déjà posé la question. Un instant j'ai douté de mon Moi, j'ai penché la tête, j'ai retroussé ma jupe et palpé mon ventre... l'absence du truc mollasson a confirmé ce que je savais déjà. Oui je suis bien une femme :-) Qui aime-t-elle ? A quoi ressemble-t-elle ? Est elle aussi indigne et perverse dans sa vie courante que ses histoires laissent à entendre...

Bref !

J'ai décidé d'apporter une fois pour toutes, réponse à mes lecteurs. Elle pourrait tenir en trois mots : je suis Agnès. Mais cela ne satisferait pas certains qui se complaisant dans le péché, ne daignent pas lire cet ouvrage merveilleux et riche d'enseignement qu'est "La Légende Dorée" de Jacques de Varazze (aussi connu sous le nom de Voragine).

Je suis Agnès, Agnès de Rome, née au II e à Rome et morte officiellement en 303, à l'age de 13 ans.

Aie, aie, aie, je réalise que je vais sur mes 1705 ans !!!! Que je deviens vieille.

Vierge d'une très haute prudence, selon Saint Ambroise qui a décrit mon martyre, je fus mise à mort et je gagnai la vie. Je n'étais alors qu'une enfant mais toujours selon Saint Ambroise, mon esprit était très agé. Très belle de corps (merci Saint Ambroise) mais encore plus belle d'esprit. Je croyais en Jésus. J'étais chrétienne. J'étais tout juste femme et je découvrais mon jeune corps et ses troublantes chaleurs. Lorsque je priais, je joignais mes mains. En bas. 

Et mes doigts papillonnaient sur mon bouton, me plongeant dans une extase adolescente.

Il était beau. Jésus. Les photos qui circulaient en cachette... ( non pas des photos, ça n'existait pas. Pardonnez moi, c'est l'age) Les icônes qui circulaient en cachette m'affolaient. Le soir dans mon lit, j'imaginais Jésus se penchant sur moi, sa barbe blonde chatouillant mon ventre en feu, le rafraîchissant comme une pluie de pétales de rose dans une brise de printemps. J'étais sotte. J'ai appris depuis qu'une barbe est plutôt une brosse de chiendent, une râpe à bois, qu'il faut tailler et raser avant que la bouche qui s'y cache puisse, peut être, servir mon plaisir.

J'étais dans cet état d'esprit quand le fils du Préfet me fit des avances. Un vieux de 25 ans, tout juste sorti de la S.M.A. (Schola Mercaturum Altae, Haute Ecole de Commerce).

 

Je l'envoyai promener.

Selon mes thuriféraires, en ces termes:

Eloigne-toi de moi, foyer de péché, aliment de crime, pâture de mort; déjà un autre amant s'est assuré de mon coeur.

En fait mes paroles furent tout autre, mais je ne me souviens plus très bien des noms d'oiseaux dont je l'affublai. 

En tout cas cela le réduisit au silence.


Et le fit tomber malade d'amour ! D'amour pour moi ! Une gamine de 13 ans !
Mais il en parla aux médecins venus l'examiner et à son père, le Préfet, qui me fit mander en sa luxueuse villa. Paroles doucereuses et menaces alternèrent. Toujours selon  l'hagiographie officielle, le Préfet déclara:

Choisis de deux choses l’une : ou bien sacrifie à la déesse Vesta avec les vierges, si ta virginité t'est chère, ou bien tu seras exposée dans un lieu de prostitution.

Je répondis en souriant mais tout de même pas très rassurée:
Je ne sacrifierai pas plus à tes dieux que je ne serai souillée par les actions infâmes de qui que ce soit, car j'ai pour gardien de mon corps un ange du Seigneur.

Alors le Préfet appela sa garde. Les rustres déchirèrent ma toge, me mettant toute nue à ma grande honte, et ne se privant pas de me peloter.

Puis ils me ligotèrent sauvagement les poignets avant de me passer une corde autour du cou.

J'avoue que je me mis à avoir peur, à douter: pourquoi l'ange du Seigneur n'avait-il rien fait pour m'aider ?


Le Seigneur, ou son ange,  fit quelque chose pourtant. Tandis que les deux soudards me conduisaient au lupanar, le Seigneur fit pousser mes cheveux qui bientôt couvrirent, presque, mon jeune corps dénudé.


Bien que très effrayée, ma curiosité me fit regarder par les portes entrouvertes des alcôves. C'était donc ça, faire l'amour ?

Ils me poussèrent dans une chambre pour y attendre les clients. Ce fut le fils du Préfet qui se présenta. A cette époque, j'étais très ignorante de ces choses là. Maintenant... un peu moins. J'ouvris de grand yeux quand le fils du préfet sortit son truc: c'est ça qu'il veut mettre dans mon petit trou ? Je le repoussai, ça ne rentrera jamais !

Il me bouscula sur le grabat et s'apprêta à me violer. Je ne connaissais pas le terme mais je savais que ce qu'il avait l'intention de me faire était méchant. Mais enfin l'ange apparût et foudroya le jeune homme.

Dans le lupanar, on cria au miracle. Ou à la sorcière. Le Préfet, averti, du malheur qui frappait sa descendance vint me supplier de le rappeler à la vie:

On verra que tu n'as pas usé d'arts magiques en cela, si tu peux obtenir qu'il ressuscite.

Bon. Je mis à prier et le Seigneur exauça ma demande. Le fils du préfet ressuscita. Évidement l'histoire était revenu aux oreilles des prêtres des temples. Ils excitèrent la foule et malgré le désir du Préfet de me sauver, je fus conduite, chargée de chaînes, aux arènes pour y être brûlée vive.


Brûlez cette magicienne, brûlez cette malfaitrice, qui change les esprits et égare les coeurs.


J'étais terrorisée. Tout le long du trajet des gens avaient demandé ma mort, m'avaient jeté des ordures. Souvenez vous que je n'avais alors que treize ans. Imaginez ce que peut ressentir une toute jeune fille dans une situation pareille.

Je priais, je priais, je priais.

C'était encore pire que ce je ne pouvais supposer.

Tu vas adorer ! C'est pour les magiciennes encore vierges. Avant de mourir brûlée, tu auras au moins pris un gros truc dans ta chatte de vierge.

..............................

Je suppose que vous vous demander comment je peux écrire et illustrer cette histoire, aujourd'hui au 21 ème siècle, si je suis morte brûlée vive en 304 ap JC.

Vous aurez la réponse en lisant Sainte Agnès

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